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Textes - Le crépuscule des Cieux
Certaines religions disparaissent au fil de l’Histoire et pas d’autres.
Sont-elles moins crédibles que celles qui survivent au temps ?
Leurs dieux ne sont-ils pas assez proches des cieux ?
Il n’est pas impossible qu’elles aient partagé le sort des royaumes ou des empires disparus dans lesquels elles comptaient leurs fidèles.
Les religions semblent plus simples à identifier que les multiples systèmes qui les abritent, royaumes, empires, républiques, monarchies constitutionnelles, démocraties, tyrannies, oligarchies…
Religions pourtant si complexes à définir lorsqu'il s'agit d'expliquer pour quelles raisons certains ont besoin de croire et d'autres non.
Il faut les conjuguer à d'autres notions, qui définissent les civilisations, les ethnies, les groupes linguistiques…
Comment expliquer que certaines civilisations au déclin irréversible aient entrainé dans l’oubli les croyances dans un au-delà exempt de douleur. Une vie heureuse après la mort, l’antithèse rédemptrice du monde terrestre dirigé par des dynasties sans partage.
Leurs prêtres reconnaissants clamaient pourtant avec conviction l’essence céleste de leur maître sur terre, formant avec lui l’ossature du pouvoir.
Mais pour d'autres royaumes, dont seul le nom subsiste dans les livres d’Histoire, tout aussi inflexibles, leurs temples comptent encore des centaines de millions d’adeptes.
Quelques religions subsistent et se développent sans support politique, elles se dissocient des formats économiques, elles vivent sans nécessité de produire, d’autres deviennent une entité qui englobe le pouvoir temporel.
Polythéisme, monothéisme ?
Bâal Hammon, Eshmoun, Isis, Osiris, Jupiter, Neptune, Zeus, Poséidon…
Pour quelles raisons avez-vous perdus vos croyants ?
Zoroastre (Zarathoustra) est-il à part ?
Il faut remonter dans le temps pour développer un peu plus.
Et que je n'oublie pas de mettre du charbon dans la machine qu' H.G Wells m'a prêté .
1- Le symbole immatériel
La nuit est sombre, quelques flammes dansent autour des branchages.
Elles s’élèvent en s’enroulant comme deux amants incandescents entrelacés, puis s’évanouissent en confettis brûlants.
Il fait froid, l’air est sec.
Le foyer n’est pas suffisant pour réchauffer les corps, mais il empêche la brise nocturne de mordiller les joues.
Il ne faut pas s’éloigner.
Trop loin, sans les autres, c’est périr.
Il tend sa main au-dessus du brasier.
Avoir chaud.
La forêt dort, quelques insectes noctambules viennent visiter dangereusement les braises.
Trop près, avec les autres, c’est périr.
Pourtant il s’est écarté du feu, à quelques pas de la horde agglutinée au fond de l'abri incurvé dans la falaise surplombant la vallée.
Que font ces lumières accrochées si haut dans le ciel ?
Cette saison froide nous avons perdu plusieurs des nôtres.
Des étrangers sont venus des montagnes dessinées sur la ligne qui sépare le ciel de la terre.
Là où le gibier est abondant. Notre subsistance à la saison chaude.
Faut-il se battre et les chasser ?
Tuer un être qui marche debout ce n'est pas traquer une bête.
Ces étrangers ne nous comprennent pas mais une fois la méfiance estompée, nos signes se ressemblent et les mots s'apprennent.
Les animaux ne peuvent pas nous parler. Ils ne seront jamais nos semblables.
S’interrogent-ils sur le sens des lumières accrochées dans le ciel ?
Notre peau n'a pas de fourrure pour résister au froid, nous avons besoin du feu pour exister.
D'échanger entre nous, d'exprimer nos sentiments et de fabriquer des outils.
Certains animaux le font.
Mais ils ne dessinent pas leurs chasses dans les grottes, ils n'assemblent pas des peaux pour se vêtir ou des colliers de pierres colorées, et ne fabriquent pas d'armes pour la chasse.
Notre esprit s'éveille au monde de la pensée, sans qu'elle soit utile à la subsistance du groupe.
Nous ne sommes plus des animaux.
Ces hommes sont différents, leurs vêtements sont lisses, ils les portent en plusieurs couches.
Ils ne sont pas comme les autres peuples des montagnes blanches qui brillent au soleil.
Comment ont-ils trouvés ces grands coquillages qu’ils portent autour du cou, avec des petits fuseaux de nacre aux reflets bleus ?
Les femmes de la horde voudraient ces parures, pour être belles.
Nous avons échangé des fourrures contre ces bijoux.
Tous ont baissés leurs armes.
Depuis nos femmes ne cessent de s’observer dans la rivière gelée avec ces parures en riant entre elles, jetant des regards vers les hommes qui les observent
J'ai montré aux étrangers comment nous dessinons sur les cloisons : un bison, des chevaux, des oiseaux.
Ils étaient émerveillés par les couleurs, les courbes qui se croisent et le feu de nos torches le long des parois qui semblent faire se mouvoir ce monde animal fictif.
Ils voulaient connaître le cri de ces bêtes.
Stupéfaits par nos imitations des grondements de l'ours, certains ont instinctivement mis la main sur leur lance.
Leurs dessins sont simples, des croix, des ronds, des traits et des pointillés qu'ils ordonnent par groupes.
Des symboles qui ne ressemblent à rien de vivant mais qui représentent le monde qui les entoure.
Leurs fauves n'ont ni crinière, ni griffes.
Un ovale avec plusieurs traits au-dessous et un autre trait en zigzag au niveau de ce qui est la tête.
C'est un lion.
Et ce signe est peint avec une seule teinte blanche, sans la moindre couleur, ils le montrent du doigt en prononçant son nom.
« Lion ».
Nos lions sont beaucoup plus beaux, le nom que nous leur donnons est différent.
Mais nous ne savons pas faire un symbole avec peu de traits en quelques secondes, en l’accompagnant d’autre signes qui, tous ensembles, racontent l’histoire de leur grand voyage, depuis qu’ils ont quitté un très grand lac.
Tellement grand qu’on ne voit jamais l’autre rive.
Cette histoire raconte qu’un jour d’autres hommes sont venus de cette rive lointaine sur des branches attachées ensembles.
Ils étaient armés d’une étrange corde tressée sur laquelle un rond de peau tannée envoie des pierres.
Tellement vite qu’on ne les voit pas arriver et frapper la tête des guerriers les plus braves.
Ils ont dû partir pour survivre.
Tous ensembles.
Ils savent que partir trop loin, sans les autres, c’est périr.
Alors que rester trop près, avec les autres, c’est périr.
On ne doit pas les tuer.
Je me suis assis avec leur chef au bord du rocher qui domine la vallée.
Je lui ai demandé s’il savait d’où viennent toutes ces lumières qui brillent la nuit.
Son peuple aussi admire ces êtres de lumière.
Ils sait qu’ils bougent avec les saisons.
Pour eux ce sont des géants qui nous protègent en faisant tomber du ciel l’eau des rivières où nous pêchons et celle qui fait pousser les buissons et les arbres qui portent des fruits sucrés.
Certaines de ces lumières font parfois des gerbes courbes dans le ciel en filant au loin.
Il m’a montré le signe qu’ils peignent pour nommer ces lumières fuyantes.
Plusieurs pointes qui partent d’un seul centre avec une courbe en arrière.
Dans leur langage, ce nom est devenu celui de la fin de la saison chaude, avant que les feuilles des arbres jaunissent.
Je suis allé dans la grotte.
Face à la paroi des dessins de chasse, j’ai peint leur symbole au-dessus des animaux de notre vallée.
« Étoile ».
Je vais parler à ces géants qui nous dominent et qui sont les maîtres du ciel.
Peut-être m’écouteront ils.
Il fait froid. Nous sommes nombreux avec les voyageurs chassés de leur terre.
Il y a moins de gibier pour tous.
Nos enfants sont faibles et certains sont malades.
Mon dernier fils tousse très fort et il a du mal à respirer.
Sa mère me supplie du regard.
Je suis le chef.
Je ne sais pas comment le sauver.
Vous, géants de lumière, êtres magiques qui vivez tout en haut du ciel, vous qui faites monter la lumière en chassant la nuit et la peur.
Que dois-je faire ?
Comment distinguer ce qui est bien de ce qui ne l’est pas ?
Parlez-moi.
Montrez-moi.
Je vous reconnaîtrai comme les maîtres de la terre et des cieux.
Je connais votre nom et je sais maintenant l’écrire sur les parois.
Ecrire des noms.
C’est donner la vie à des êtres immatériels.
Dans quelques millénaires, les prêtres d’Amon expliqueront comment faire exister ces êtres créateurs du monde en écrivant et en prononçant leurs noms.
Pour qu’ils protègent les hommes, il ne faut pas s’éloigner d’eux.
Mais nous ne devons pas être leurs égaux pour ne pas les contrarier.
Partir trop loin sans eux, c’est périr.
S’approcher trop près d’eux, c’est périr.
Croire.
Pour exister sans crainte dans leur monde éternel.
A suivre...
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Un texte du temple d'Edfou en Egypte relate la naissance du dieu Thot, qui a créé le monde par l'écriture et le verbe :
« Au sein de l'océan primordial apparut la terre émergée. Sur celle-ci, les Huit vinrent à l'existence. Ils firent apparaître un lotus d'où sortit Rê, assimilé à Shou. Puis il vint un bouton de lotus d'où émergea une naine, auxiliaire féminin nécessaire, que Rê vit et désira. De leur union naquit Thot qui créa le monde par le Verbe. »
Inventeur de l'écriture et du langage, il est la « langue d'Atoum » et le scribe des dieux. Incarnation de l'intelligence et de la parole, il connaît les formules magiques auxquelles les dieux ne peuvent résister. Selon la légende, celui qui est capable de déchiffrer les formules magiques du Livre de Thot peut espérer surpasser les dieux eux mêmes.
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En marge :
Reconstitutions de sites archéologiques - Modélisations & Animations 3D - Musiques – Montages – SFX – Scénarios
Philippe PETRETO
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