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Textes - Scénarios - Scripts

TEXTES
  • Le Vallon du Fou
  • L'Odysée, une épopée à terminer
  • Le crépuscule des Cieux

Textes -"Le Vallon du Fou"

4- " Cuneus versus Vis viva " (Suite)

Deuxième partie : " Nuntius "

La particularité de cette clairière est sa largeur.

Un arc de cercle descendant de manière très prononcée sur son côté le plus long, assez dégagé.
L'aile opposée longe la forêt en pente plus douce, qui se poursuit en décroissant vers un amas rocheux.
Lequel rendrait la progression des celtes plus délicate car ils devraient franchir cet obstacle naturel massif, découvrant leur position et révélant de loin leurs mouvements à l'ennemi.
Devenant une remarquable cible pour la légion qui n'aurait aucun mal à transpercer les Celtes qui s'aventureraient et escaladeraient les rochers, empêtrés dans leurs boucliers et leurs armements multiples, glissant sur les surfaces arrondies de ces roches primaires moussues.
La profondeur de cette clairière est de 500m environ, ce qui en fait un espace relativement reclus pour un si grand nombre d'unités militaires, des deux bords.

Une très grande largeur pour une profondeur modeste, une aile plongeante et dégarnie, sans abri latéral, une autre plus plane, bordée d'une végétation dense propre aux unités légères embusquées, verrouillée par un obstacle naturel.

La Légion Hispana a établi ses quartiers dans la forêt dominant la clairière, à six cent mètres de la ligne des arbres qui délimitent l'accès à la zone herbeuse.
Le camp romain est abrité derrière un petit ruisseau qui sert d'obstacle naturel.
Sur sa rive basse qui conduit au camp, des pieux sont orientés vers le bord opposé.
De sorte que des assaillants qui se risqueraient à pénétrer dans la forêt pour atteindre le commandement et les unités de réserve se retrouveraient sur une pente, certes modeste, mais très glissante et hérissée de pieux sur l'autre rive.
Rendant alors extrêmement dangereuse et très exposée la progression en avant.
Ce qui explique que les archers romains aient été positionnés en cinq groupes de dix, à 50 m en retrait de cette rive, chacun espacé d'une vingtaine de mètres environ.

Les balistes (3) sont trop lourdes et imposantes, leur rayon de tir est trop important pour l'exiguïté de cette clairière.
Elles sont bannies de ce genre de terrain où la profondeur est faible, surtout lorsque la déclivité du terrain rend encore plus imprécise la visée en contrebas.

L'angle est très ouvert par rapport au sol sur lequel est positionné l’engin de jet. Ce qui diminue considérablement l'évaluation de la distance, faute de pouvoir distinguer clairement le but de tir (4).
Pour ces raisons ce sont donc les onagres (5) qui ont été privilégiés par le commandement de la légion.
Fonctionnant sur le système de la fronde, cet engin de bois est muni d'un bras de lancement et de cordes.
Le projectile est placé dans une poche de cuir d'où il est envoyé sur l'ennemi.
Sa puissance de feu est moins importante que celle des balistes mais cette machine de guerre de projection peut être manipulée uniquement par deux servants, à une cadence de tir plus rapide, ce qui permet de corriger la précision des tirs au fur et à mesure.
Pour que l'angle de projection ne soit pas perturbé par les arbres en première ligne de la clairière, les sapeurs de la Légion ont abattu ceux qui se trouvaient dans un rayon de 20 mètres du positionnement de chacun des 12 onagres.

Un cordon en arc de cercle de dix hommes étant disposé autour de chaque engin de jet, en arrière d’un treillis très serré de branchages dont les parties sommitales sont taillées à la serpe comme des poignards , pour parer toute incursion de quelques Celtes fanatiques qui tenteraient au prix de leur vie de détruire ces engins.

Les clans Gallois, appuyés par certains "Scots" (vieux gaélique d'Écosse, « Scoti » en latin ) venus des terres du Nord (la « Calédonia ») et quelques clans Britonniques gaulois (dont la langue est très proche du vieux gallois), ont pris le parti de se positionner en contrebas, leur ascension vers l'ennemi risque d'être encore plus coûteuse en vie, même si leur nombre et presque deux fois supérieur à celui des Romains, sûrs de leur force et d'une organisation à toute épreuve.

A Rome la guerre est une science qui s'apprend et s'améliore par chaque bataille, afin d'éviter de verser inutilement le sang des siens.
Celui des autres n'a pas la même pureté.
Il est noirci par l'ignorance et le manque de discipline de ces "barbarus".
La Légion est positionnée sur les terres « dominantes », c’est un signe qui ne peut échapper à un stratège.

Quelle idée de venir se positionner sur les terrains « servants » pour narguer crânement les Centuries de première ligne, dont les renommés Hastati de Faustus.

Un groupe compact de deux cents Celtes s'est planté seul au centre de la clairière à distance égale de chacun des bords, en avançant d’une centaine de mètres de la ligne des arbres d'où ils sont sortis.
Plus de cinq mille autres sont répartis à l'abri des premières lignes d'arbres sur tout le pourtour de cet espace dégagé.

Les hurlements, les provocations, insultes en tout genre s'amplifient, accompagnés de jets de pierre, de morceaux de branches et de tout ce qui traîne à portée de main dans la forêt.

Manius et Cæso, les deux « Optione », sous-officiers et seconds du centurion se tiennent aux côtés de Faustus.
Le premier est chargé du ravitaillement et des soins aux soldats et le second des techniques de siège et du matériel.
Rien n’est laissé au hasard.
Le hasard, cette horrible déviance du sort qui modifie l’ordre de la logique et transgresse les normes savamment établies, qui outrage la supériorité de l’intellect sur la sombre ignorance primaire et animale.
Jamais cette chose informe, indisciplinée et immatérielle ne devra l'emporter sur le rationalisme de l'Empire.

Lentement le chef de guerre met son casque, surmonté de la superbe aigrette rouge grenat du commandement, transversale et donc perpendiculaire à l'axe de vision pour être reconnue par ses hommes durant le combat.
Lorsque le légionnaire est dans le doute, dans la rage déshumanisante du choc des lames acérées qui tentent de transpercer les corps, du sang dans les yeux, est-ce le sien, quand il ne sait plus où est le nord, le sud, la terre, le ciel, la vie et la mort, son regard cherche le chef.
L’aigrette rouge du père de tous ces enfants qui doivent tuer d’autres hommes pour ne pas mourir.

Il noue ses jugulaires par les lanières de cuir en s'assurant que son écharpe ("Focale") soit prise également dans ce laçage, afin de ne pas laisser son cou exposé à l'air glacial.

Il ne manquerait plus qu'il attrape froid...

Un mouvement des troupes de réserves se fait entendre à l’arrière des cohortes de légionnaires, assemblées en centuries.
Faustus est « Hastatus Prior », le troisième gradé dans l’ordre hiérarchique de la cohorte (Centurie III), mais sur le terrain, il est le premier officier dans l’ordre de bataille, du fait de son expérience et des troupes offensives qu’il dirige en première ligne.
Lorsque les glaives sont en main des légionnaires, la parole s’efface. La fonction guerrière prime sur les responsabilités administratives de ses supérieurs.

Le centurion « Pilus Prior » commandant la cohorte des six centuries déjà positionnées a ordonné à son messager personnel de rejoindre de toute urgence Faustus en première ligne.
L‘ordonnance du « Pilus Prior » n’a de compte à rendre à personne, la fonction prime le grade.
Le cavalier expérimenté arrive au galop dans la forêt où l’obscurité froide et brumeuse est en partie déchirée par les leurs du soleil éblouissant qui vient de poindre au-dessus de l’horizon. Sa dextérité laisse bouche bée les unités du camp, il bondit entre les modestes trouées vierges de troncs renversés et de fougères inextricables. Il tient les mords d’une main et fait signe de l’autre que tous s’écartent de son chemin…s’il en existe un dans ce labyrinthe végétal.

Cæso pivote d’un quart de tour et fait signe à Faustus qu’un cavalier approche dans leur direction.
- Que vient-il faire ici celui-là… ?
Il se retourne ostensiblement vers les légionnaires et en tordant la bouche pour imiter l’accent maniéré des tribuns, il lance de sa voix forte et éraillée :
- Faustus, on a du renfort, …l’ordonnance du « Pilus Prior » va anéantir les barbares à coup de parchemins !
Les rangs serrés des hommes qui se concentraient éclatent de rire, leurs dernières minutes où l’air est clair et la lumière du soleil une faveur ultime des cieux.

Le cavalier saute littéralement de sa monture encore cabrée, il fait un geste au premier soldat que croise son regard d’oiseau de proie.
- Occupe-toi de mon cheval ; donne lui à boire et ensuite deux poignées d’avoine !
Il est déjà parti vers la première ligne d’un pas que rien n’arrête.
Il se retourne soudain vers le « soldat-palefrenier » désigné d’office, sans commentaire requis :
- J’ai dit après l’avoine, pas avant, compris ?
Il repart aussitôt.
Le légionnaire chargé du destrier n’a pas même eu le temps de fermer la bouche de carpe qu’il arbore depuis sa nomination équine.

C’est la première fois qu’il voit un cheval d’aussi près…
- Il faut lui parler comment à cet animal ?
Et…c’est quoi de l’avoine… ?
- Si je lui donne du blé, l’ordonnance à la tête de faucon (ou de vrai) va me couper la langue…
Quelqu’un a de l’avoine ici ?... Hé ! Arrêtez de rigoler bande d’idiots ! C’est le cheval de l’ordonnance du « Pilus Prior » ...

Comment ces hommes peuvent-ils rire à gorge déployée sur un champ de bataille où ceux qui en revienne ne disent pas un mot dans les deux jours qui suivent.
Avec en mémoire l’image des autres, qui y sont restés pour toujours.
C’est le prix de la cohésion, chère aux officiers et à ceux qui ne survivent que par leurs camarades.
On ne peut pas oublier ces images.

- Faustus ! Faustus !...

L’ordonnance bouscule les rangs des Hastati qui le dévisagent en se forçant à ne rien dire à ce privilégié.
Fils de bonne famille, cultivé mais entrainé comme un légionnaire, fidèle à Rome et à sa position sociale.
Le centurion a retiré son Galéa (casque) et s’avance vers cet importun qui le hèle comme un serviteur, le regard sombre.
Personne n’apprécie ces êtres tirés à quatre épingles qui vont et viennent parmi les hommes qui se battent et couchent au chaud tous les soirs dans les bras de jolies filles auxquelles eux ils n’ont pas droit. Le célibat est imposé aux légionnaires.
Mais les entorses à la règle sont…légion.
A cette différence que les soldats ne peuvent se lier à une seule femme.
Les sentiments sont proscrits, ils attachent le guerrier à un être qui occupe son esprit au détriment de ses missions.
Qui s’inquiète pour celle qu’il doit quitter alors qu’il se rend sur des terres où les blessés sont presque inexistants.
L’amour sera tarifé. La solde confortable y pourvoit.
Exister, sans vivre. Comme le mythique Ulysse loin de Pénélope.

Ils se saluent à peine.
Légèrement essoufflé, l’ordonnance s’approche du centurion qui le dévisage avec un respect uniquement disciplinaire.
- Faustus, les stratèges ont étudié les mouvements des Celtes…
La folle qui les dirige, cette teigne rousse d’Anwen Boadicea a fait massacrer trois cent de nos hommes à deux heures de cheval d’ici.
- Où ça Ordonnance ? (il ne l’appelle pas par son prénom, il n’est pas digne d’être un Hastati, comme ses frères)
- Vers …l’Est. Pas du tout face à la IX Légion…
Ils vont essayer de vous fixer ici pendant deux jours, attaque, repli, attaque, repli… et ainsi de suite.
Pendant ce temps, dix mille hommes sont en train de nous contourner par notre aile droite.

- Que conseilles-tu de faire centurion ?
Faustus a le regard fixé au sol, il grommèle et tourne plusieurs fois sur lui-même.
Voilà pourquoi les celtes se sont positionnés en contrebas.
Ils ne monteront pas jusqu’à nos premières lignes…
Ils attendront que leur armée de contournement nous pousse sur eux en nous prenant à revers !
Il se redresse et fixe le messager d’un regard crispé.

- Cuneus !
Le cavalier sourit et reprend :
- Cuneus ?
Faustus n’aime pas se répéter ;

- Oui : Cuneus !

La suite est ICI
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(3) Machine de guerre et de siège qui fonctionne comme un arc géant, servant à lancer très loin de grosses flèches souvent incendiaires. Elle peut également lancer des projectiles de pierres calibrées en boulets. C'est une machine au tir plus précis que celui d'une catapulte.

(4) (Un petit dessin vaut mieux que de longues explications...voir ci-dessous dans l'album pour expliquer ce petit problème de balistique / géométrie)

(5) L’onagre est une sorte de petite catapulte capable d’envoyer des petits projectiles à 30 m de distance ou 40 m de haut. Son nom lui vient de l’analogie de son mouvement avec celui de la ruade d’un onagre, sorte d’âne sauvage. Un bras de levier en bois à l’extrémité duquel se trouve une cuillère. Le bras de levier dessine un arc de cercle et vient frapper contre un butoir tandis que le contenu de la cuillère s’envole dans les airs. Il pouvait lancer des grêles de pierres, des projectiles enflammés et même… des cadavres.

Supports documentaires (extraits)

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Armes de jet romaines

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Musée du Louvre

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Musée Pio-Clementino - Vatican

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